UNION CONFÉDÉRALE CFDT DES RETRAITÉS

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Frédéric Sève (CFDT) : « Retraités et actifs doivent avoir une évolution solidaire de leur niveau de vie. »


Questions à Frédéric Sève, secrétaire national « CFDT

Sommaire du dossier
 Les revenus des retraités largement inférieurs aux actifs en emploi
 Alors, nantis les retraités ?
 Témoignages de solidarités intergénérationnelles
 Garantir à tous un niveau de vie décent
 La pauvreté chez les seniors vue par le Secours populaire
 Frédéric Sève (CFDT) : « Retraités et actifs doivent avoir une évolution solidaire de leur niveau de vie. »

Question. Selon l’Insee, le niveau de vie moyen de l’ensemble des retraités est légèrement supérieur à celui de l’ensemble de la population, tandis que, selon le dernier rapport du COR, la pension nette moyenne des retraités est égale à 66 % du salaire net des personnes en emploi. Quel est ton avis par rapport à ces deux approches ?

Frédéric Sève. Il y a plusieurs déterminants au niveau de vie d’un ménage, autres que le salaire ou la pension de retraite. Par exemple : la taille du ménage, un ménage de retraités est a priori plus petit qu’un ménage d’actif, avec un même niveau de revenu, le ménage retraité aura un niveau de vie plus élevé. Par ailleurs, au fil des années, les ménages accumulent du patrimoine que ce soit sous forme immobilière ou autres. Ce patrimoine génère des revenus qui augmentent le niveau de vie, indépendamment de la pension ou du salaire. Mais, il faut toujours avoir à l’esprit la grande disparité qui existe entre les retraités. La retraite solde tout un parcours professionnel avec ses spécificités, ses accidents de la vie. Quand on parle de l’équité entre retraités et actifs, il faut aussi rappeler qu’un système de retraite est comptable, au moins en partie, des inégalités entre retraités.

Les études conduites par le COR démontrent une baisse programmée du niveau de vie des retraités dès les années 2020. La CFDT peut-elle se satisfaire de cette évolution ? Comment entend-elle porter la revendication d’une indexation des retraites sur les salaires ?

Frédéric Sève. Dans les réformes initiées, à partir de 1993, un élément est longtemps passé inaperçu : l’équilibre des régimes de retraite a été en partie obtenu par le décrochage programmé du niveau de vie des retraités par rapport à celui des actifs. Avec des pensions indexées sur les prix et non sur les salaires, un retraité qui par exemple toucherait une pension égale au Smic au moment de son entrée en retraite pourrait voir cette pension réduite à 75 % de l’équivalent du Smic, quinze ou vingt ans plus tard, si les salaires augmentent plus vite que les prix. Il y a là un problème majeur pour la CFDT et il faut, dans la réforme des retraites à venir, obtenir que retraités et actifs aient une évolution solidaire de leur niveau de vie, que les uns et les autres bénéficient équitablement des fruits de la croissance. Bien sûr, il y a là un arbitrage à faire : faut-il des pensions élevées à la liquidation, mais qui s’érodent rapidement ou des pensions un peu moins généreuses mais dont le pouvoir d’achat relatif est mieux garanti au cours du temps ? C’est un vrai débat, mais qui ne se tranche pas de la même façon selon qu’on parle des petites ou des fortes pensions. 

Quel message souhaites-tu adresser à nos adhérents en cette période où nombre d’entre eux s’interrogent sur les orientations de l’action revendicative de la CFDT en faveur des retraités et futurs retraités ?

Frédéric Sève. La réforme systémique des retraites est prônée depuis maintenant plusieurs années par la CFDT, non pas comme une fin en soi, mais comme la condition nécessaire pour construire un régime de retraite ou les redistributions opérées soient lisibles, traçables et donc pilotables, afin d’obtenir plus de justice sociale, plus d’équité entre les retraités et les actifs, et entre les retraités. C’est l’objectif que nous ne devons pas perdre de vue lors des négociations à venir. Si nous voulons une réforme systémique des retraites, c’est d’abord pour avoir un système de retraite plus juste, ce qui est impossible aujourd’hui compte tenu de la complexité et de la multiplicité des régimes.

Propos recueillis par Nicole Chauveau

Frédéric Sève, secrétaire national CFDT
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